L’Association française de la normalisation (L’AFNOR) a présenté le 15 juin 2015 son livre blanc intitulé Données massives – big data, impact et attentes pour la normalisation. Tous les secteurs économiques (grandes entreprises, PME, TPE), mais aussi citoyens, collectivités publiques, administrations sont invités à s’interroger sur l’utilité de définir des règles dans la « jungle » des données.
L’AFNOR propose plus de 33 000 normes, toutes volontaires. Les entreprises et professionnels de tout secteur peuvent adhérer, s’ils le souhaitent, à ces documents de référence qui définissent les bonnes pratiques communes à une activité ou un marché.
L’AFNOR est l’une des principales sources de droit souple français ( à propos de la soft law, lire “Étude annuelle du Conseil d’Etat : Le droit souple”)
Avec le développement exponentiel de l’utilisation de l’Internet par les entreprises dans leurs stratégies commerciales, de nombreuses questions relatives à la régulation et à l’encadrement de ces pratiques se posent. C’est pourquoi, fort de son influence, l’organisme a choisi de réfléchir à la meilleure façon de « normer » la collecte, le traitement et l’exploitation des données massives produites sur divers supports (capteurs, téléphones, réseaux sociaux, fichiers clients). L’AFNOR a présenté son ouvrage Données massives – big data, impact et attentes pour la normalisation lors d’une rencontre [i]. L’objectif affiché est double : acculturer les entreprises qui ne connaissent pas (bien) le sujet et permettre aux acteurs au fait de ces problématiques d’en approfondir le champs.
Le Président du Comité stratégique « information et communication numérique » de l’AFNOR, Yves le Querrec, introduit ainsi le livre blanc : « La transposition en bits informatiques, partageables sur les réseaux sociaux et stockables à distance, d’une masse de données revêt de lourdes conséquences économiques ». Pour les entreprises, le sujet des données est essentiellement vu comme un moyen de mieux maîtriser leur marché, de conquérir de nouveaux prospects ou de mieux cerner les attentes de leurs clients actuels. « L’information devient un actif stratégique » selon lui. Or, derrière cet « actif » se cachent de nombreux enjeux technologiques, de contrôle, de vérification, de propriété intellectuelle, d’interopérabilité entre les acteurs économiques.
Charles Huot, directeur général de Temis (société éditrice de logiciels d’analyse sémantique), en charge du groupe de travail sur le big data à l’AFNOR, relève que l’absence d’existence d’une autorité transnationale régulant l’usage de ces données massives appelle à une réflexion publique, ce afin de créer « une véritable éthique du big data ».
L’ouvrage détache quatre problématiques auxquelles la normalisation pourrait apporter des solutions opérationnelles :
1/ L’interopérabilité des données et des systèmes d’information . 2/ La sécurisation des données . 3/ Le respect des contraintes relatives aux données personnelles . 4/ Les conditions de gestion et de transmission de ces données.
A l’heure où une norme ISO (numéro 20488 ) est en débat[ii], il apparaît que le besoin d’autorégulation, notamment de la profession des assureurs et banquiers détenteurs de nombreuses données (mais aussi les secteurs du transport, des collectivités locales, de l’énergie, de la santé…), se fait de plus en plus sentir. Consciente que ces enjeux influent sur la vie quotidienne de tous les citoyens, l’AFNOR propose dans ce livre blanc de créer un « service public de la donnée ».
« Il faut concevoir une éthique de l’utilisation du big data. Matérialiser la ligne jaune à ne pas franchir » concluent les auteurs. A l’heure où la question du numérique est portée par les plus hauts représentants de l’Etat, ce livre apporte une contribution essentielle et originale au débat en cours.
[i] http://www.afnor.org/liste-des-evenements/agenda/2015/juin-2015/donnees-massives-ou-big-data-quels-defis-pour-la-normalisation-rencontre-exclusives-le-15-juin-a-st-denis
[ii] http://www.afnor.org/groupe/espace-presse/les-communiques-de-presse/2015/janvier-2015/e-reputation-des-entreprises-et-des-administrations-et-si-la-france-valorisait-son-savoir-faire