Date / Heure
Date(s) - 31/05/2017
8 h 45 min - 10 h 45 min
Emplacement
Ministère des Affaires étrangères, site Conventions
Les “nouvelles routes de la soie”– expression qui se réfère aux routes de la soie empruntées pendant la Pax Mongolica au XIIème siècle – ou plus récemment « Une ceinture, une route » est le nom de l’initiative lancée en 2013 par le président chinois Xi Jinping pour mieux connecter la Chine à ses voisins et grands partenaires commerciaux, et ce jusqu’en Afrique et en Europe. Ce projet se traduirait à la fois par une route terrestre qui passerait par l’Asie centrale et la Russie d’une part, et par une route maritime qui rejoindrait l’Asie du Sud Est et l’Afrique d’autre part, les deux tracés étant censés se rejoindre à Venise. Les autorités chinoises évoquent ainsi une stratégie englobant plus de 60 pays qui couvrirait deux tiers de la population mondiale et près de la moitié du PIB mondial.
Bien que cette nouvelle initiative soit avant tout un label apposé à toutes sortes de projets d’infrastructures pilotés par la Chine, la référence est très évocatrice et veut se donner l’ambition de réguler la mondialisation. Le récent Forum de coopération internationale ; organisé par Pékin les 14 et 15 mai derniers, met en valeur les projets de la Chine dans ce cadre qui constitue un futur élement clé du « soft power » chinois. Pour le gouvernement, le but est en effet de renforcer les liens commerciaux avec les pays situés sur le tracé des routes, grâce à un réseau d’infrastructures (notamment portuaires, ferroviaires), à un réseau d’échanges commerciaux et à une coopération monétaire. A cela s’ajoute le renforcement des liens diplomatiques et les échanges culturels (voir dossier documentaire joint).
L’initiative « Une Ceinture, Une Route » répond avant tout à des objectifs économiques (élargir les débouchés des entreprises chinoises, dynamiser les provinces de l’Ouest, donner une impulsion au commerce mondial), financiers (gérer les stocks de réserves, promouvoir l’utilisation du yuan) et géoéconomiques (sécuriser un approvisionnement en gaz et pétrole, éviter des passages par le détroit de Malacca et désengorger les ports chinois, ainsi que la voie ferrée qui traverse la Russie). Ce projet s’inscrit aussi dans une stratégie chinoises visant à affirmer ses normes et standards hors de ses frontières, élément qu’elle considère comme participant de sa stratégie de diplomatie d’influence.
Les défis pour la Chine restent très grands : on pense notamment aux difficultés rencontrées par les pays que cette nouvelle route traverse ; à la capacité de la Chine à travailler avec – mais aussi à faire accepter socialement – les projets qu’elle entend développer dans les pays « partenaires ». Mais ceux de l’Europe ne sont pas moins importants, car il s’agira pour elle trouver sa place dans cette nouvelle configuration du monde que tente de dessiner la Chine sur le long terme. Pour les Européens, l’enjeu est de comprendre, intégrer et répondre en termes d’actions et de vision à cette nouvelle voie chinoise de la mondialisation.
Afin que cette initiative soit fructueuse, elle devra répondre à de nombreuses questions qui suscitent des attentes particulières des partenaires de la Chine : Cette initiative saura-t-elle se mettre au service d’une mondialisation inclusive et d’une croissance partagée sans être centrée sur des intérêts purement chinois ? Saura t elle produire des infrastructures de qualité ? Donnera-t-elle lieu à des projets financièrement soutenables pour les parties prenantes et s’inscrire ainsi dans une perspective de développement durable? Quelles réponses pragmatiques trouver conjointement à cette initiative conçue comme un instrument de rayonnement économique, diplomatique et commercial ?
Intervenants :
Mme Stéphanie BALME, Professeur à Paris School of International Affairs/Sciences Po, Responsable de la coopération universitaire à l’Ambassade de France en Chine
M. JeanFrançois DI MEGLIO, Président d’Asia Centre
M. Paul MARIA, Chargé de mission économique auprès du Directeur Asie-Pacifique, MEAE
Dossiers documentaires :
Les « nouvelles routes de la soie » : la voie chinoise de la mondialisation ? – Antoine Garapon, IHEJ.
Chine. Pourquoi le projet de routes de la soie est-il global ? – Thierry Garcin, “Les Enjeux internationaux”, France Culture, 22 juin 2017.
Une mondialisation « made in China » – Marie de Vergès, Le Monde, 15 mai 2017.
Routes de la soie : Xi se pose en rempart contre le protectionnisme – Pékin (AFP), Le Point Économique, 15 mai 2017.
Routes de la soie : les Européens boycottent le texte sur le commerce – Pékin (AFP), Le Point Économique, 14 mai 2017.
La nouvelle route de la soie – Frédéric Martel, France Culture, 31 janvier 2016.
Vers une nouvelle route de la soie – Le dessous des cartes – Arte, 10 janvier 2015.