télécharger le policy paper en pdf:Question d’Europe n°222 12 décembre 2011
La politique européenne du commerce extérieur est structurante à l’échelle mondiale : l’Union européenne est la première puissance commerciale mondiale ; la compétence en la matière est l’une des plus communautarisées. Si l’Union européenne joue un rôle majeur dans la libéralisation mondiale des marchés, et ce d’autant plus que nombre d’entreprises européennes sont globales, la crise et les nouveaux rapports de force avec les pays émergents amènent à des approches moins exclusivement « libérales », alors que le débat sur la « dé-mondialisation » relance l’intérêt de la réflexion sur la politique commerciale européenne.
Dans le proche avenir, plusieurs dossiers permettront d’apprécier la volonté effective et la capacité de l’Union européenne à faire valoir des approches nouvelles.
D’abord au plan de la posture politique : il faut donner du contenu et de la réalité au concept de réciprocité, par exemple pour l’accès aux marchés publics de l’Inde et du Canada, sans parler de la Chine, ou pour les financements accordés aux entreprises exportatrices, notamment chinoises.
De même, un test crucial est la capacité à faire vivre, en les utilisant à bon escient, les procédures anti-dumping et antisubventions ou restrictions à l’exportation. Il est utile de souligner que l’accès de la Chine au statut dit « d’économie de marché » réduirait fortement la possibilité de recourir à ces outils.
D’autres questions majeures seront liées à la juste appréciation des intérêts européens tant offensifs que défensifs dans les négociations d’accords bilatéraux de libre-échange ; la Commission devra bien peser l’équilibre général entre les divers secteurs des services, de l’industrie et de l’agriculture, et entre intérêts nationaux des États membres.
Dans un tel contexte, la posture d’ouverture à laquelle l’Europe a intérêt ne se comprend que si elle sait s’assurer de la réciprocité et de l’équilibre. Plus encore, la politique commerciale ne trouve son sens, celui de la croissance et de l’emploi, qu’articulée avec les politiques internes de compétitivité : politiques industrielle et de l’innovation, marché intérieur, politique agricole commune (PAC), etc. La meilleure protection est notre capacité à produire en Europe de manière compétitive.