Cet ouvrage sur la dette souveraine de la zone euro se compose de trois parties principales. La première expose et discute les actions prises par la zone euro afin de limiter la contagion de la dette souveraine entre les États-membres. La deuxième traite des causes, des effets et des mesures relatifs aux effets de la crise grecque et des tentatives effectuées pour la résorber. Enfin, la troisième entend prendre du recul sur la dette souveraine européenne en faisant appel à l’histoire, afin de cerner ce que pourraient être les politiques adéquates à la résolution de cette crise.
Les racines de la crise grecque sont multiples, comme le rôle déstabilisant des marchés financiers, l’échec des agences de notation, etc. Mais avant tout, la crise de la dette souveraine s’est accentuée en raison des hésitations des gouvernements de la zone euro à s’entendre rapidement sur la mise en place d’un plan de soutien à la Grèce. La contagion de la crise s’est faite en grande partie en raison du manque de confiance quant aux mécanismes de régulation de l’Europe.
Les aides financières de la part du FMI furent attribuées sous conditions de l’application d’une politique d’austérité qui entraîna sans doute plus de mal que de bien en contractant la demande et donc les rentrées d’impôt. Les bénéficiaires de ces aides furent chronologiquement la Grèce, l’Irlande et le Portugal, mais ne furent pas pris en compte des États non moins touchés tels que Chypre, l’Italie, la Slovénie et l’Espagne. N’ont pas été prises en considération non plus les particularités de la crise dans chaque pays. Les cas de la Grèce, de l’Italie et du Portugal sont différents de ceux de l’Irlande, de l’Espagne et de Chypre. Concernant les trois derniers États, c’est le secteur bancaire privé qui fut à l’origine de la crise de la dette, tandis que pour la Grèce, l’Italie et le Portugal, ce sont les problèmes des déficits fiscaux et de la compétitivité qui furent à la source de la crise.
La politique insufflée par la Banque centrale européenne non seulement ignore la théorie économique mais en plus manque de réalisme. Tout d’abord, elle ignore la détérioration de l’épargne nationale et son impact sur le stock de capital en encourageant une spirale déflationniste. D’autre part, l’effet des taux directeurs bas diminue en raison des mesures de dissuasion des activités de prêt.
La tendance de cette dette accompagnée de déflation aurait pu baisser, voire être inversée si l’Union européenne avait financé ou tout du moins cofinancé le développement des secteurs d’« économie en réseau », tels que les technologies de l’information et de la communication, les transports ou encore l’énergie. Cet investissement public aurait certainement pu stimuler les partenariats publics-privés et rétablir la confiance au sein de la zone euro.
Par ailleurs, il est certain que tout un pan de l’économie souterraine grecque a été négligé. On estime qu’il représente environ 24,3 % de l’économie. En d’autres termes, il existe une activité économique qui n’a pas été prise en compte : une partie de la résolution de la dette consisterait à faire en sorte que cette économie souterraine soit transférée dans l’économie formelle.
Cet ouvrage, à la fois descriptif et explicatif des ressorts de la dette grecque, a ainsi l’avantage de proposer des pistes qui auraient pu être suivies, et qui pourraient l’être encore, pour la diminuer, voire la résoudre.